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L’île de Skye (Scotland)


pascal Bobillon    (pseudo RP : bob)

 
je dédie cet article à EJ et à sa famille

Son site  web : http://pascal-bobillon.fr/


L’île de Skye (Scotland)





Sept heures. Je suis dans l'avion à Lyon Saint-Exupéry. Décollage dans une heure pour deux grosses semaines en Ecosse. L'arrivée est prévue à seize heures, à Glasgow. J'ai quatre grosses heures de transit à Londres, suffisamment pour aller d'Heathrow à Gatwick en passant par le centre de Londres. La douce voix du commandant de bord me sort de mes rêveries. L'avion décollera avec un peu de retard, deux heures m'annonce mon voisin visiblement plus à l'aise que moi avec la langue de Shakespeare. Heathrow est sous le brouillard, ce qui peut se concevoir fin octobre. L'avion décolle finalement avec trois heures de retard et ça été chaud pour changer d'aéroport.
Je suis parti le lendemain matin à six heures, j'ai loué une voiture pour le périple. Conduire à droite, sous la pluie, sur l'autoroute bien chargée, en pleine nuit, là aussi c'est chaud, mais les nerfs s'habituent assez vite, et puis les pédales sont dans le bon ordre, ca aide !
Le GPS est réglé sur l'île de Skye. Je veux y passer trois ou quatre jours avant de remonter vers le nord, par la route qui longe la cote atlantique. Finalement, je partirai de Skye deux semaines plus tard. La route qui va à Skye longe le Loch Lomond, traverse les montagnes du Glencoe, passe au pied du Ben Nevis (1344 m) le point culminant des îles Britanniques. Les sommets sont recouverts d'une fine couche de neige. Fin octobre, l'automne est au mieux de ses couleurs, le soleil assez bas délivre une lumière limpide, rasante, des ombres généreuses sculptent les montagnes et les vallées. Le ciel est dramatiquement chargé de nuages, sans cesse changeant, les averses succèdent aux éclaircies, je frissonne, c'est beau, grand, puissant, désert, c'est bien ce que je suis venu chercher.

Il y a deux options pour aller dans l'île. Par le sud, avec le ferry qui part de Malaig et arrive à Armadale, ou par le centre en franchissant le pont qui relie l'île au petit village de Kyle of Lochalsh.
Aborder l'île par le ferry est assez magique. Armadale est au milieu d'une belle forêt de feuillus, une des rares de l'île, et la cote qui borde la route et qui remonte jusqu'à la petite ville de Portree est très belle.


phare
 
Le passage par le pont est moins excitant, mais la route qui y mène longe le Loch Duich et le Loch Allshest qui sont très spectaculaires. C'est l'occasion de voir le château d'Elean Donan, sans doute le plus emblématique de l'Ecosse, malheureusement souvent caché par des échafaudages pas très glamour.



Elean Donan castle
L'île de Skye, encore appelée l'île des brumes comme le laisse deviner l’appellation Gaélique de An t-Eilean Sgitheanach est la plus grande île des Hébrides intérieures du nord. Elle compte environ 9000 habitants répartis sur 1736 kilomètres carrés. Le climat, influencé par le Gulf Stream et l'océan atlantique y est relativement doux. Les températures varient de 6°c en hiver à environ 15°c en été, mais cette clémence est à tempérer par un vent d'ouest permanent, humide et violent. Les pluies sont abondantes mais de courte durée, enfin normalement. Les chutes de neiges sont fréquentes. Le relief est très contrasté. Les sommets saupoudrés de neige sont fréquemment dans la brume. Ce massif montagneux occupe le centre de l'île. Il est dominé au nord par le Sgurr Alasdair (993 mètres). Les Cuillin noires tirent leur nom de la couleur sombre des basaltes et gabbros. Plus au sud, les roches volcaniques ont laissé place aux roches granitiques, et constituent avec quelques lapiaz les Cuillin rouges, moins hautes, plus érodées. Les Cuillin Noires ne sont accessibles qu'aux alpinistes et aux randonneurs. On peut y gravir douze munros, le nom donné aux sommets d'Ecosse qui dépassent 3000 pieds (914,4 mètres précisément). Sir Hugh Munro en a inventorié 283 à la fin du 19ème siècle. Au nord ouest, on trouve la chaîne du Storr, qui occupe une grande partie de la péninsule de Trotternish. Cette chaîne volcanique s'étend depuis le Quiraing au nord, jusqu'au port de pêche de Portree, la seule ville de l'île (moins de 2000 habitants). Pour le reste du relief, ce sont de vastes plateaux ne culminant pas à plus de 200 m, entrecoupés de loch. Les cotes sont tellement découpées que vous n'êtes jamais à plus de 10 kilomètres de la mer.


Storr
Trouver de quoi se loger, seul et sans préparation n'est pas facile. Les hôtels très chers sont à proscrire. Le camping est assez éprouvant, les pluies quotidiennes et les vents constants d'octobre n'en font pas le moyen le plus approprié. Il reste le fameux b&b, bed and breakfast. Il y en a de partout et ce n'est pas un problème pour en trouver un, quand on est à deux. Les motivations étant plutôt d'ordre pécuniaires, les propriétaires rechignent à louer leurs chambres à une personne seule (le prix est toujours par personne). Je n'ai pu trouver qu'une chambre, à Portree. Il m'a fallu deux heures pour trouver cette magnifique suite, surchauffée, à la surface à peine supérieure à celle du lit qui trône en son centre. Peu importe l’exiguïté des lieux, j'ai mon pied à terre pour démarrer mes excursions et puis j'aurais le temps de changer, enfin c'est ce que je croyais. Finalement, j'ai quitté ma suite au bout de deux semaines.

Il me reste trois heures avant le coucher du soleil. Suffisamment pour aller voir le Storr, plus au nord. En cette saison, des vents constants balayent l'île, la pluie et le soleil alternent. Les ciels dramatiques et spectaculaires sont traversés par les rayons d'un soleil très bas. En fait de Storr, je ne verrai que les nuages qui l'entourent



Le Storr est un massif volcanique très tourmenté. The old Man off Storr est un bloc dressé de plus de 55 mètres de haut au bas d'une falaise de basalte tout aussi impressionnante. Il faut grimper une bonne demi-heure pour y accéder à partir de la route. Le décor est digne du « seigneur des anneaux ». Les premières scènes du film Prométheus de Ridley Scott y ont été tournées. C'est l'endroit le plus visité de l'île. Pour ma part, n'y étant allé qu'au lever du soleil, et en dehors de la saison touristique, je n'y ai croisé que des moutons.

Torridon

Je monte un peu plus loin sur un monticule duquel je découvre le Quiraing. Le soleil couchant joue avec les nuages, la pluie et la lumière. Le ciel est violet, orange, chargé et encore dramatique. Il y a un proverbe sur Skye qui dit : « si tu n'aimes pas le temps qu'il fait à Skye, attends cinq minutes ». J'aurais de nombreuses occasions d'en vérifier la justesse, même si cela ne fonctionne pas toujours.

Sur le bord des routes, il y a des moutons partout, entre 150.000 et 200.000, mais personne ne s'est lancé dans un recensement précis. Les races les plus abondantes sont le Cheviot et le Scottish Blackface, élevés pour leur laine, et accessoirement leur viande. Les habitants leur donne le nom affectueux de «lice hills  » (poux des collines) ou «bone's bag » (sac d'os). Les moutons entretiennent des relations étroites avec l'homme, surtout par l'intermédiaire des pares chocs. Ils adorent dormir sur les routes étroites. La nuit, c'est assez angoissant de voir ces myriades d’yeux qui brillent. Ils laissent quand même sans trop de difficultés passer les voitures, il parait que la route est inscrite dans leurs gènes. Disséminés dans la lande, ils sont assez méfiants. Ils déguerpissent maladroitement.


moutons
Skye est réputée pour ses spots, sa lumière. Montagne ou mer, il y en a pour tous les gouts. Les plus belles lumières sont en automne et en hiver. Le soleil est très bas à cette époque, les ciels tourmentés et changeants permettent de découvrir et réinventer ces lieux. Il ne faut pas hésiter à visiter ces endroits à différentes heures. Rivières et cascades, falaises, grottes, arbres sculptés par les vents violents, les giboulées de neige, de pluie, la glace, autant d’éléments qui viennent agrémenter en points d'orgue vos pérégrinations.

Un trépied est bien entendu indispensable. Il doit être stable pour résister aux vents permanents et soutenus, sauf si vous aimez les flous de vent. Indispensable aussi, un gros sac en plastique, ou une grosse pochette pour recouvrir l'appareil en cas de pluie. C'est toujours énervant d'être obligé de ranger son appareil en catastrophe, après avoir passé une demi heure à composer et régler la lumière, l'ouverture, la vitesse, et sans avoir pu déclencher (c'est toujours le moment que choisit la pluie pour venir s'intercaler entre vous et le paysage convoité). En complément, une veste et un pantalon étanche sont indispensables. Evitez le poncho pas très compatible avec le vent. Evitez aussi les bottes trop larges, préférez une paire de chaussures bien étanches. De toute façon, la lande détrempée calmera vite vos ardeurs. C'est très fatiguant d'y progresser. On s'y enfonce, on se tord les pieds. Il faut repérer les touffes d'herbes capables de supporter votre poids, une vraie galère.

Vous choisissez vos spots en fonction de l'heure, de la marée, de la force du vent, des éphémérides. Tout cela ne s'improvise pas.

J'ai passé plus de quarante jours sur l'île. Il m'est donc difficile de les résumer tous. Je vous propose donc de poursuivre le tour de l'île commencé par le Storr et Kilt Roch.

La route qui conduit aux Quiraing traverse le très beau village de Staffin, juste au bord d'une immense plage de galet. Les maisons blanches de Staffin disséminées au bord de la baie et dans la lande sont typiques des habitations de l'île.

Staffin
Les Quiraing, c'est l'Ecosse comme on la rêve. Les levers de soleil y sont extraordinaires. Le Quiraing est un massif montagneux couvert de tourbières et de prairies. A moins d'être un mouton, il n'est pas possible de les parcourir en dehors des sentiers. La route qui va de Staffin à Uig offre des panoramas splendides sur le sud de l'île et la baie de Staffin. Il y a quelques arbres aussi torturés que photogéniques accrochés aux falaises.


Quiraing
La route qui passe au nord traverse les Quiraing puis longe la côte. Elle offre de beaux panoramas sur les grandes îles d'Harris et de Lewis. Il y a quelques très belles maisons traditionnelles, d'impressionnantes falaises de basalte, quelques ruines comme le château de Duntulm.


Nord
Pour gagner Neist point à l’extrême nord ouest de l'île, la route passe par la petit bourg pas très folichon d'Uig, d'ou partent les ferrys pour les îles d'Harris et Lewis . Elle traverse le village de Dunvegan, où vous pouvez aller visiter le château des Mac Leod.

Neist
  Neist Point, c'est le bout du bout, un superbe éperon rocheux au sommet duquel est construit le phare. Neist point est à Skye, ce que la pointe du Raz est à la Bretagne. Les falaises qui surplombent l'océan sont un sanctuaire pour les oiseaux. A moins d'être vous même un volatile, vous aurez peu de chance de les observer de près. Les couchers de soleil sur les îles lointaines de d'Harris et Lewis sont surement parmi les plus beaux de l'île, lorsque les nuages se conjuguent avec une mer agitée, le paradis n'est pas loin.


Dunvegan

Poursuivons le tour de l'île pour gagner la baie de Talisker, sur la cote ouest, à mi-chemin entre le nord et le sud. Au sud de Dunvegan, n'hésitez pas à aller rendre visite à Russell Sherwood. Il tient une petite galerie, Skyescape où il vend ses photos. Il vous indiquera toujours un spot ou deux dont il a le secret. J'avais profité d'une journée où la météo était particulièrement exécrable pour visiter différentes galeries et lieux d'exposition. Beaucoup de photographes et de peintres viennent s'installer sur l'île pour profiter des lumières, et ouvrent de petites galeries ou ils vendent leurs œuvres. C'est à cette occasion que j'ai rencontré Russell. Par la suite, nous sommes restés en contact . Je suis revenu chez lui plusieurs fois. Nous avons fondé par la suite le collectif f/4, avec deux autres photographes installés sur l'île, Tim Wilcock et Marcus Mac Adams.


Talisker
Sur le chemin de la baie de Talisker, il y a la distillerie qui produit le single malt du même nom. C'est la seule de l'île. Une visite intéressante à garder sous le coude lorsque la météo n'est pas favorable à la photo. Le Whisky est très cher à l'achat. Il est préférable de le déguster dans les pubs qui proposent tous les single écossais. Si vous voyagez en avion, profitez des duty free à Londres ou Amsterdam pour en rapporter une ou deux bouteilles. Sans faire de la publicité, j'ai un petit faible pour l'Ardberg, plus particulièrement la cuvée Corryvreckan. Puisque nous sommes dans les boissons, l'île de Skye produit pas mal de bières. La Black Cuillin, la Red Cuillin, La Blaven ou encore l'Ardmore Beast, murie dans des tonneaux réservés au Whisky. Que du bonheur pour les papilles !



La baie de Talisker se cache au fond d'une vallée assez escarpée, au bout d'un chemin interdit aux véhicules. Le sable gris et noir dessine de superbes arabesques, très graphiques. Il faut absolument y aller à marée basse, et de préférence lorsque le soleil se couche


Sligachan
Vous pouvez rejoindre Sligachan à pied en suivant le sentier qui monte au col d'Am Mam. Le panorama sur le Loch Sligachan et Breas est magnifique.



Breas

Sligachan

Sligachan, avec Glenbrittle, est le point de départ de toutes les visites pour les Cuillin. La seule route qui monte vers le nord passe par Sligachan. Le vieux pont qui enjambe la rivière du même nom est splendide mais envahi de touristes. C'est surement le coin le plus photographié de l'île.
Sligachan

Sligachan

Il ne faut pas hésiter à remonter les rivières. Ponctuées de cascades, elles offrent à l'amateur de pauses longues de belles occasions de peaufiner son art. Pour moi, Sligachan est l'endroit le plus majestueux, le plus puissant, le plus authentique. C'est vraiment une place que j'adore.
Sligachan


Cuillin  

Nous allons terminer ce petit tour par Elgol. La route qui va de Broadford à Elgol mérite que l'on s'y attarde . Elle longe les Cuillin, contourne le Loch Slapin, une pure merveille 
  


arbre

Juste avant le Loch Slapin, à la sortie du petit village de Torrin, il y a quelques très beaux arbres sculptés par le vent qui vous attendent.



Elgol
Au bout de la route, Elgol est un tout petit port de pêche accroché aux falaises, et qui domine le Loch Slavaig. Les Cuillin plongent de leur mille mètre dans le Loch. Les sommets très souvent dans la brume sont irrésistibles, puissants et majestueux, inaccessibles. Essayer d'y aller à marée haute, avec une mer agitée, le soir. C'est aussi à Elgol que vous arriverez si vous avez opté pour la marche à pied en suivant la vallée.

Nous en avons terminé avec notre visite de l'île. Bien entendu, il y a énormément d'autres lieux à explorer et une journée ne suffit pas pour en révéler toutes les merveilles. Skye est idéale pour se vider la tête. Quelques jours sur l'île nous font vite toucher du doigt combien notre quotidien est chargé de stress, combien la ville est agressive.

Aujourd'hui, j'y ai passé six semaines au cours de trois voyages, et chacun de ces voyages m'a permis de découvrir l'île sous un nouveau jour. J'ai laissé un bout de mon âme, qui traine avec quelques moutons, dans la lande.

mis en ligne le 4 novembre 2013
 

17 commentaires:

  1. Un voyage qui donne une envie, s'est d'y allé.
    Merci pour ce très beau moment et toutes ses explications !

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  2. Très beau récit ! l'impression d'être à tes cotés à chaque instant, chaque lieu de l'Écosse !
    Merci pour cette grande découverte :)

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  3. Excellent boulot, de très belles images, bien sûr, mais le texte n'est pas en reste.

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  4. Quelle lumière, si bien saisie, bravo

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  5. Merci pour le partage .... ça donne envie !

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  6. De magnifiques photos bien servies par une lumière de malade... beau voyage !

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  7. Bien installée,chaudement à la maison, ça fait du bien de vivre à travers tes mots et merveilleuses photos, tes différents périples écossais.
    Merci pour ce partage,
    je ne suis pas étonnée que tu y aies laissé un bout de ton âme.

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  8. superbe article, une belle évasion en ta compagnie, de grands espaces exceptionnels

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  9. superbe tout ça !!

    sarabande

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  10. C'est encore meilleur les pieds au chaud.Superbes
    Arevato

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  11. Superbe reportage qui donne vraiment envie de faire le voyage.
    Merci pour le partage !!!!

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  12. Merci pour cet échappée au travers de tes sublimes images et de ta prose... j'ai adoré ce moment privilégié.
    Marie

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  13. Magnifique ! Quels merveilleux paysages très bien captés...

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  14. on voudrait que ça continue encore et encore ............

    magnifiques images que tu nous fais partager

    Merci pour cette grande évasion

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  15. C'est magnifique oh lalala quel plaisir !!!!!

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